J’ai entendu cette phrase l’autre jour, elle a résonné bizarrement en moi, comme venue d’un autre temps. J’avais oublié qu’elle existait.
Je me souviens l’avoir prononcée des dizaines de fois dans le passé, c’était il y a si longtemps que j’ai l’impression qu’elle vient d’une autre langue, d’une autre planète, d’un passé que je n’aurais pas connu.
Y a quoi à la télé ce soir ?
Quel vide est-ce que cette simple phrase comble-t-elle ?
Elle me semble rimer avec tristesse.
Je n’ai pas de télé depuis plus de 5 ans, je ne regarde plus automatiquement la télé le soir depuis 7 ou 8 ans. C’est si loin que j’ai oublié depuis combien de temps.
Au début c’était surtout parce que je n’arrivais pas à me coucher suffisamment tôt sans manquer de sommeil, je restais jusqu’à la fin d’un film ou d’un épisode de série, ils se terminent toujours beaucoup plus tard que l’heure qui me permet d’avoir un sommeil récupérateur.
Je me souviens que lorsque je connaissais le programme télé (une émission hebdo, un « super film »), j’expédiais l’histoire du soir des enfants, la vaisselle et la programmation du lave-linge pour être devant la télé avant le début du film, et pas forcément de bonne humeur parce que déjà fatiguée.
Et puis le soir est devenu, petit à petit, mon moment à moi pour me pauser [poser], un moment de retour à moi après le tourbillon de la journée. Je me débarrassais de mes tâches du soir mais un peu moins vite, plus tranquille. Je prenais un peu plus le temps avec les enfants, moins stressée, mais pas trop de temps pour qu’ils aient assez de temps pour dormir eux aussi.
Aujourd’hui, certains soirs, j’ai envie de « comater » devant la télé ou de regarder un film choisi et je le fais. C’est rare, et ça dure parfois qq soirs de suite.
Depuis que les enfants sont plus grands, le repas se prolonge en discussion sur les sujets du moment, ou les projets futurs, d’échanger, on traîne à table ou on reste après l’avoir débarrassée. C’est chouette.
Lorsque je me suis inscrite à une formation en ligne ou que je veux travailler sur livre de développement personnel, le soir je suis des ateliers ou je travaille sur des exercices, ou bien, comme actuellement, sur la mise en place de mon business.
Alors, qu’est-ce qu’il y a à la télé ce soir ? Je m’en moque un peu. Peut-être des films que j’aurais vraiment aimé voir, peut-être pas.
Tout ce temps passé à me former, me connaître, m’a aidé à dépasser des difficultés, à apaiser ma relation avec mes enfants, avec moi-même, à être meilleure dans mon métier, à enfin avoir un objectif professionnel et personnel ambitieux. Il m’a appris à profiter des instants de la journée, à prendre le temps, moi qui ai mené ma vie comme si je n’aurais jamais le temps de « faire ce que j’ai à faire ».
Et c’est justement parce que j’ai passé ma vie à « faire » plutôt qu’à la vivre, que je savoure ce temps retrouvé.
Lorsque mes objectifs personnels seront atteints, ou à chaque moment où j’en ressentirai le besoin, je ne me demanderai pas ce qu’il y a à la télé le soir. J’irai m’assoir sur la terrasse de mon jardin ou en bord de mer, pour savourer l’instant. Même si je suis fatiguée, je sais que j’irai me coucher avec le sourire aux lèvres et des étoiles dans les yeux, des odeurs de nature plein les narines.