Aujourd’hui, j’ai animé une réunion d’équipe. Cette réunion devait avoir lieu en mode hybride (en visio et présentiel), à 700km de mon lieu habituel de travail. Jour de grève, je suis finalement au bureau, et mes collègues habituellement au bureau ne le sont pas. Pas grave, on fait autrement.
Puisque j’avais prévu d’animer la réunion, je l’aurais fait debout, comme on le fait habituellement devant un groupe de personnes. Je n’ai pas du tout la même énergie lorsque je suis assise, j’ai souvent envie de travailler debout pour me mettre en mouvement dans mon travail. Comme on était tous chacun de son côté, devant son écran, je voulais quand même avoir cette énergie.
Dans nos locaux, il n’existe pas d’espace de travail « debout » dans des espaces privatifs, seulement dans des espaces de passage, et non chauffés qui plus est. Je m’organise et fait déplacer une table de cafétéria dans une petite salle de réunion pour faire l’affaire. Je crois bien être une des rares personnes à casser les codes comme ça.
Mon ordre du jour était prêt depuis une semaine. Un peu bousculant, en mode « voilà ce que je demande depuis plusieurs mois, et je ne vois pas d’avancée, je veux un engagement de votre part pour que cela soit fait ». Or hier, après 2 jours en PI Planning et une réunion CoDir de notre mini-entité, j’ai eu une prise de conscience que j’ai voulu transmettre à l’équipe.
Cette prise de conscience pourrait se résumer à regarder la face B (j’aime bien les métaphores de la vie de tous les jours, même si cet exemple fait référence à une période révolue 🙂 ). Un projet important de transformation d’offre de service est en cours depuis plus d’un an, et actuellement la boutique est dans une phase entre deux eaux : la nouvelle offre sort de terre mais tout n’est pas là, la peinture n’est pas sèche, et les anciennes ne sont pas tout à fait reléguées au second plan. Comme la nouvelle offre n’a pas (encore) toutes les options, mon équipe (et moi) avions tendance à dire : « on ne peut pas basculer parce que c’est pas prêt, il manque plein de trucs, ça ne fonctionnera pas, jamais on n’y arrivera, … », j’en passe et des meilleures.
Ça, c’est la face A qui a été jouée depuis des mois. Or, il existe une face B, qui consiste à dire : « voici ce que notre équipe sait faire et est capable de délivrer, basé sur les informations actuellement en notre possession, et dont voici les pré-requis ».
Certes, notre appréciation et qualification restent approximatives tant que ces pré-requis ne sont pas fournis. Cependant, le message est bien plus positif et met en mouvement, à l’inverse de la face A. Et il peut être étayé par de multiples propositions : échantillonnage, étude de qualification, demander à revoir la proposition commerciale si on s’aperçoit que des éléments importants n’avaient pas été pris en compte, … Le choix est vaste.
Un autre aspect à prendre en compte est le temps : entre le moment où notre qualification est demandée et le moment où le contrat sera réellement signé, il peut se passer plusieurs semaines ou mois. Pendant ce laps de temps, beaucoup de choses peuvent changer, y compris la clarification de certains des pré-requis attendus.
A côté de ça, j’ai proposé de mettre en place ce que j’ai appelé des « conditions générales de vente » pour notre département, des éléments de mise en place du service attendu à fournir systématiquement aux équipes avant-vente pour les intégrer aux propositions commerciales, afin d’éviter les dérives de projets (qui a dit « ça n’arrive jamais » ?) : de la chefferie de projet, des conditions sur l’obsolescence, des clauses de révision du devis, …
Bref, lorsque je me suis lancée, j’ai vu mon chef sourire de plaisir et opiner de la tête de contentement : je m’en doutais, j’ai évité de le regarder pour rester concentrée. Je n’étais même pas sûre qu’il serait présent, mon message aurait été exactement le même s’il avait été absent. J’étais devenue, en 2 jours, convaincue du bien-fondé de ce point de vue. Et ne comprenais même pas comment j’avais pu penser autrement.
Il y a toujours une manière de présenter les choses. Il est toujours possible de demander à réviser les conditions. La demande peut ne pas être acceptée, ou sous conditions, mais cela vaut mieux de dire ce qu’on sait faire et avancer, plutôt que dire (en râlant) ce qu’on ne peut pas faire parce que « les autres ». Et finir par mettre la clé sous la porte.
Je me suis aperçue que j’avais oublié l’existence de ce point fondamental : la face B.
J’ai kiffé encore une fois animer cette réunion d’équipe, les échanges qu’on a pu avoir sur le sujet. Je me suis sentie tellement à ma place, d’une aisance et d’une fluidité indescriptibles.
J’avais également préparé une liste de « trucs qui ne sont toujours pas faits », j’y reviendrai plus tard, autrement.
Donc ma petite victoire, c’est d’avoir pu incarner le message que je voulais transmettre. Et je le fais de plus en plus facilement, en reconnaissant mes propres erreurs, avec authenticité.
J’ai aimé le tour de table, j’ai aimé voir la tête de chacun devant sa webcam, toute mon équipe presque au complet.
The world is ours.
Le kiff, tout simplement.